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L’armée angolaise, la grande inconnue d’Afrique australe

Par Jean-François Auran, doctorant en histoire contemporaine, animateur du blog Questions défense. Article publié dans DSI n°97, novembre 2013

Les FAA (Forças armadas de Angola) ont été crées en 1991 par la transformation des FAPLA (Forças Armadas de Libertação de Angola) qui avaient mené le combat contre l’armée portugaise. En plusieurs occasions et à la fin de la guerre civile en 2002, des combattants des autres mouvements rebelles dont trente officiers généraux de l’UNITA ont été intégrés en son sein. Les FAA sont devenues au fil du temps et en raison de la longue guerre civile, une des forces militaires les plus puissantes d’Afrique.

Depuis 2002, elles sont un facteur de réconciliation nationale et le général Nunda, chef d’état-major des armées depuis 2010 est un ancien responsable militaire de l’UNITA[1].Elles disposent du premier budget de la région et ambitionnent de tenir un rang comparable à celui de l’armée sud africaine bien que possédant des capacités de projection et une aptitude au combat moderne limitée. La diplomatie angolaise reste par ailleurs encore en retrait par rapport à l’activisme du président Jacob Zuma qui n’hésite pas à engager les militaires sud-africains dans des missions périlleuses.

L’armée angolaise reste marquées par un tropisme terrestre ; la marine de guerre disposant de capacités encore limitées. L’armée de l’air qui avait connu un essor important dans les années 80 maintient des capacités acceptables après une forte déstabilisation en 1992-1993. Les effectifs militaires décroissent depuis 2002 mais restent élevés. Leur estimation précise reste une donnée sensible. S’ils s’élevaient en 2007 à 130 500 hommes, Les FAA compterait actuellement, 87 000 hommes[2]. La superficie de ce pays, ses richesses en font un acteur régional d’importance, dont le rôle devrait encore s’accroître.

Le cadre géostratégique 

L’Angola est un état d’Afrique australe dont la superficie atteint 1.246.700 km2 pour une population estimée à 20 millions d’habitants. Divisé en 18 provinces, il comprend l’enclave de Cabinda dont le territoire se situe entre le Congo Brazzaville et la RDC. L’Angola s’étend donc des régions équatoriales aux zones semi désertiques de la région de Namibe proche du Kalahari. Il s’agit d’un pays riche en ressources naturelles comme les hydrocarbures, les diamants, de nombreux minerais y compris l’uranium. Il possède de plus un fort potentiel hydro-électrique en cours de valorisation.

Dans le domaine maritime, Les ports de Luanda, Lobito et de Namibe sont d’une importance stratégique en Afrique australe. La zone exclusive économique angolaise couvre 548 784 km2. On y trouve d’ailleurs la quasi totalité des gisements pétroliers et gaziers offshore. A la charnière de deux régions, l’Angola a intégré deux organisations régionales (la SADC[3], la CEEAC[4]) et à la communauté des pays de langue portugaise (CPLP) [5] tout en appartenant à l’Union Africaine.

L’Angola n’est confronté actuellement à aucune menace militaire externe. L’évolution de la situation en République Démocratique du Congo est toujours suivie avec intérêt à Luanda. Si la piraterie maritime augmente dans le golfe de Guinée ; elle n’affecte pas encore la zone de responsabilité angolaise. Le pays participe d’ailleurs à la commission du Golfe de Guinée, crée le 19 novembre 1999. 

Le pays semble relativement stable bien qu’Il existe encore à Cabinda des mouvements armés qui revendiquent l’indépendance et une criminalité importante dans les zones rurales. Au pouvoir depuis 34 ans, le président Dos Santos (71 ans) pourrait faire face dans la lignée des printemps arabes à des mouvements de contestation sociale importants. Si la redistribution de la manne pétrolière était encore différée et si les anciens combattants ne sont pas pris en compte, il y a potentiellement le risque de débordements importants. Selon des mouvements citoyens angolais, au cours des cinq dernières années, le pays aurait investi près de 40 milliards de dollars dans son appareil de défense et de sécurité dont 50 % au titre des FAA. Ce budget est aujourd’hui le deuxième d’Afrique, après celui de l’Algérie.

L’organisation institutionnelle de la défense

Selon l’article 108 de la constitution, le président est le commandant en chef des forces armées. Il définit la politique de sécurité nationale et conduit son exécution. Il approuve la planification du système de sécurité nationale et préside le conseil de sécurité nationale. Il peut déclarer la guerre en vertu de l’article 119 et nomme le chef d’état-major général et son adjoint sur proposition du conseiller à la sécurité nationale. Son autorité s’exerce aussi dans des conditions similaires sur la police nationale.

Les forces armées et des militaires sont clairement subordonnés au pouvoir civil, et doivent demeurer apolitiques. Ce principe se heurte néanmoins à l’omniprésence du parti vainqueur de la guerre civile ; le MPLA qui conserve une place dominante au sein de la société. Les généraux angolais occupent ainsi de nombreux postes au sein de l’administration comme procureur, gouverneurs, ou députés.

La conscription perdure toujours en Angola mais les incorporations ne sont plus massives que durant la guerre civile. Les citoyens se font recenser à 18 ans, subissent des tests psychotechniques et médicaux à 19 et sont incorporés dans leur 20ème année pour un service de 2 ans. Intégrer l’armée est souvent perçu comme la fin du chômage et une chance offerte même si les conditions de vie peuvent être rudes. Les centres de formation de Luena, Huambo forment les soldats alors que les sous- officiers sont entrainés à l’école interarmes des sous-officiers de Huíla.

L’organisation des FAA

Les forces armées d’Angola se composent des trois branches traditionnelles. ; L’armée de terre (Exercito Nacional), la force aérienne nationale (Força Aérea Popular de Angola/Defesa Aérea e Antiaérea (FAPA/DAA), et la marine de guerre (marinha de guerra Angolana).Le ministère de la défense (MINDEN) assure la direction théorique de l’ensemble car le président est toujours au centre de la question militaire.

L’organisation territoriale repose aujourd’hui sur les quatre régions (Nord, Centre, Sud et Est), les 2 régions militaires spéciales de Luanda et Cabinda. Ce dispositif qui a remplacé les fronts/zones militaires, de la lutte pour l’indépendance a un rôle important dans le domaine de la conscription. Au sommet du niveau militaire, on trouve l’état-major général des forces armées (EMGFAA) Celui-ci compte 8 directions principales et depuis 2011, une direction en charge de la conduite des opérations de maintien de la paix. Il existe aussi un ensemble de structures dédiées au renseignement dont la DPIMO (direction du renseignement militaire opératif), DPCIM (direction principale de contre renseignement militaire. Chaque armée possède un état-major qui dispose d’une structure miroir.

L’éducation patriotique (educativo patriótico) est toujours en vigueur au sein des forces armées pour parfaire la formation des recrues. L’armée a joué un rôle précurseur dans le domaine dans la sécurité sociale en créant la Caixa de Segurança Social das FAA (CSSFAA) même s’il y a régulièrement des allégations de détournements. Le président dispose en outre de l’unité de garde présidentielle et de l’unité de sécurité présidentielle. Selon certaines sources ces unités disposeraient de 11 000 hommes et d’un équipement très nettement supérieur à celui des forces armées. Le salaire d’un homme de la garde présidentielle est 5 fois supérieur à celui d’un militaire ordinaire. Peu d’informations précises filtrent au sujet de ces unités et de leurs capacités réelles.

Les interventions militaires récentes

L’Angola est intervenu en plusieurs occasions en Afrique en soutien à des régimes en difficulté. En 1977 et jusqu’au milieu des années 80, les FAPLA ont conduit leur première opération extérieure en envoyant un millier d’hommes à São Tomé soutenir le régime du président da Costa. L’Angola est intervenu en deux occasions en République Démocratique du Congo en 1998, au côté du gouvernement de Joseph Kabila attaqué par des troupes rwandaises. L’Angola en a profité pour éliminer les bases UNITA au Congo, qui approvisionnaient la rébellion en échange de diamants.

Les FAA ont engagé dans ces opérations 2 500 hommes dès 5ème et 18ème régiment, à partir de l’enclave de Cabinda. La colonne blindée disposait du soutien de six Su-25, six L-39 et d’un détachement d’hélicoptères Mi-24 et Mi-17. Les unités angolaises atteignirent l’aéroport de Kitona et chassèrent les Rwandais de cette base arrière. Quelques jours après, l’accord de Luanda formalisa la paix en République Démocratique du Congo. Au moment de la crise postélectorale de 2011, en Côte d’Ivoire, plus de 90 hommes de la garde présidentielle aurait contribué à assurer la protection du président Laurent Gbagbo.

En 2012, les FAA ont néanmoins subi un revers sur le théâtre Bissau Guinéen. L’Angola qui avait envoyé une force de maintien de la paix à baptisé « mission militaire angolaise en Guinée Bissau » (MISSANG-GB) a dû rapatrier ses 270 militaires et policiers. En raison de l’hostilité des militaires de ce pays qui accusait l’Angola de vouloir réaliser un coup d’état avec l’aide du pouvoir civil de ce pays et malgré les quelques dizaines de millions de dollars investis dans le domaine de la sécurité, la force a du rentrer en Angola de manière précipitée.

Le système de formation 

Une des priorités des militaires a été la création d’un système de formation pour transformer les combattants révolutionnaires en soldat professionnels. Par la passé, les officiers ont été formés en Russie, à Cuba, au Portugal et la France a reçu quelques stagiaires. Longtemps de nombreux officiers furent promus à l’ancienneté sans avoir fréquenté les écoles de formation. Cette priorité est sans cesse réaffirmée par le haut commandement militaire depuis la signature des accords de Bicesse.

Il existe aujourd’hui un système de formation dit de l’état-major général. Il comprend le collège militaire, l’académie militaire d’Angola, l’école supérieure de guerre, l’école d’administration militaire, le centre d’instruction des forces spéciales ; l’école de la logistique et du service de santé[6]. L’académie militaire qui forme les cadres de carrière des armées a incorporé cette année, 165 cadets sur 4 500 candidats en provenance de tout le pays. Le système de formation de l’armée de terre comprend l’école interarmes des officiers (EIAO) l’école interarmes des sous-officiers (EIAS) Lubango ; l’école d’application de l’armement et des techniques, le centre de formation des conducteurs de Namibe et les Centre d’instruction de Huambo (CIH) et de Luena (CIL).

L’école des sous-officiers a réalisé 82 cours de formation depuis sa création et formé 8 973 spécialistes dans de nombreux domaines techniques et militaires. Le soldat de base durant l’instruction de quatre mois, apprend les rudiments de la pratique militaire​.il reçoit aussi une information dans le domaine sanitaire ainsi que des séances d’éducation civique et d’éducation patriotique. Ceci semble nécessaire au regard du faible niveau scolaire de certaines recrues. La formation se conclue par la cérémonie de prestation de serment.

L’Angola a encore recours au savoir-faire du Portugal et du Brésil. Cette année, 22 officiers angolais ont reçu une formation en droit pénal militaire, procédure pénale militaire, droit administratif et international humanitaire de quatre mois dispensé par des professeurs brésiliens. Des stagiaires de Guinée Bissau, de Guinée Conakry, du Congo Brazzaville, du Mozambique, fréquentent en nombre encore limité les écoles angolaises.

La marine qui possède des effectifs encore modeste a souhaité la création d’une Académie Navale. Elle forme depuis deux ans des officiers de carrière, qui rejoindront ensuite l’école de Engenheiros Navais (formation de mécanicien ou branche armement et électronique), de l’administration navale ou des fusiliers marins. Il y a actuellement 100 officiers en formation pour un cycle de 4 années. La force aérienne nationale dispose de son système de formation. Il s’agit de l’école de l’aviation de Lobito dont la création remonte aux années 80.

La coopération avec l’Angola

Les pays de langue portugaise (CPLP)

Depuis les années 90, le Portugal essaie de conserver une influence au sein de l’appareil militaire angolais. Dans le cadre de l’accord technico-militaire signé par les deux pays, la mission de coopération militaire participe à la formation des militaires locaux. Actuellement 12 projets de coopération sont menés pour un montant de 1.6 millions d’euros. Cette coopération semble convenir et le 12 juillet 2013, les ministres de la défense des deux pays ont signé, un mémorandum pour les secteurs de l’Inspection générale et de la Santé Militaire des Forces Armées Angolaises (FAA), ainsi qu’un accord technique d’appui sanitaire. Depuis plus de 10 ans, les forces armées des pays de la CPLP s’entrainent aux opérations de maintien de la paix et à l’assistance humanitaire sous l’égide des Nations Unies dans le cadre des exercices Félino.

La coopération régionale

Membre de la SADC et de la CEEAC, l’Angola participe seulement depuis quelques années aux activités militaires de ces organisations régionales.On peut citer les exercices kwanza qui sont autant d’occasions pour mettre en valeur ses capacités en termes de projection et de savoir-faire au niveau des forces spéciales. Au titre de la SADC, le pays participe à la brigade d’alerte dont la création a été décidée en août 2007. Le général angolais Falcão, a d’ailleurs pris le poste de chef de l’élément de planification permanent (PLANELM) jusqu’en 2016.

La SADC organise de nombreux exercices ou les forces de défense de la région travaillent ensemble. On peut citer les exercices, « Blue Rovuma » (Mozambique) et « Golfinho » (Afrique du Sud) et « Zambeze Azul ». Ce dernier qui s’est achevé en septembre 2013 à vu des avions et des hélicoptères mener des opérations humanitaires et tester des procédures communes dans l’est du pays. En novembre 2014 au Lesotho, la SADC va accueillir l’exercice majeur AMANI África II organisé par l’Union Africaine. L’Angola appartient aussi à la CEEAC[7] dont un des objectifs est de maintenir la sécurité, la stabilité, la paix dans les 11 États membres. La CEEAC participe au mouvement général d’ « opérationnalisation » de la force africaine en attente et souhaiterait installer une base logistique commune ; celle-ci pourrait être installée en Angola.

La coopération internationale

Les Etats-Unis considèrent depuis les 4 dernières années l’Angola comme un possible partenaire stratégique. Des échanges ont lieu au plus haut niveau miliaire angolais avec AFRICOM, comme en témoigne la visite en mai 2013 du Major General Patrick Donahye. Cette année, le département américain de la défense, fera un don de 1,3 million de dollars qui seront investis dans des programmes d’enseignement en langue anglaise. On peut citer aussi la participation de l’Angola aux exercices MEFLAG qui sont conduits en Afrique depuis 1987. L’Angola et les Etats-Unis vont organiser du 9 au 13 Septembre 2013, des exercices militaires conjoints dans le domaine de la sécurité terrestre et aérienne. De nombreux pays ont désormais établi des relations de coopération militaire avec l’Angola. La France, le Brésil, l’Ukraine, l’Italie, Cuba et plusieurs pays africains ont mis en place des attachés de défense.

Le pays conserve toujours liens importants avec les anciens pays du pacte de Varsovie. La Roumanie et l’Angola ont des liens de coopération forts depuis plus de 35 ans. La Serbie est aussi très active et le ministre Aleksander Vucic est venu récemment signer des accords bilatéraux portant sur la construction d’un nouvel hôpital militaire, et la réhabilitation de la base aérienne de Lubango. La Chine qui investit massivement en Angola commence à s’intéresser au domaine de la défense comme dans l’ensemble des pays africains, elle effectue régulièrement des dons en matériels.

L’armée de terre

L’armée de terre est en phase de restructuration depuis la fin de la guerre en 2002 et réduit régulièrement des effectifs. Elle est structurée autour de six « divisions d’infanterie » regroupant 16 brigades dont il est difficile de connaitre exactement l’organisation et la composition. Il semble évident que les matériels les plus modernes sont en service au sein de la garde présidentielle. Il existe des brigades d’infanterie motorisées et de chars ainsi que des brigades spécialisées comme celle du génie. Chaque région dispose d’un hôpital militaire et d’un ensemble d’unités de commandement, logistique et de renseignement. L’armée de terre dispose des matériels lourds acquis avant la fin de la guerre civile en 2002. On évoque le nombre de 400 chars de combat dont 200 T-54 et T-55, 50 T-62, 50 T-72 et 12 chars légers PT-76. Il convient de rajouter un millier de véhicules blindés transports de troupe et de reconnaissance. L’artillerie disposerait encore de 1 400 pièces d’un calibre supérieur à 100 mm dont l’état opérationnel est incertain. Quelques véhicules du type MRAP ont été acquis pour les missions extérieures.

L’unité la plus emblématique est la brigade des forces spéciales (anciennement Regimento puis Brigada de Commandos), implantée à Cabo Ledo, 150 km au sud de Luanda. L’unité en pointe est le Grupo de Acções Especiais, crée en 1998 et qui compte moins d’une centaine d’hommes recrutés au sein de la brigade. Ils disposent équipements modernes, dispositifs de visions nocturnes, GPS, moyens satellite, télémètres laser, etc. Les forces spéciales constituent le réservoir des unités angolaises qui participent aux missions de maintien de la paix. La brigade comprendrait deux bataillons de commandos, deux compagnies des opérations spéciales, un bataillon de lance-roquettes multiples, une unité logistique et le groupe des actions spéciales.

Outre sa mission de protection du territoire nationale, les FAA participent toujours à l’effort de reconstruction nationale, en rouvrant des routes, construisant des ponts et aident à la réinstallation des populations après avoir contribué au déminage. A l’exception des unités déployées à Luanda, les autres militaires angolais sont moins bien équipés. L’effort est fait actuellement sur l’amélioration des conditions de vie des personnels mais cela ne semble pas encore satisfaisant.

La marine de guerre angolaise

La Marinha de Guerra Angolana (MGA) crée le 10 juillet 1976 doit, en vertu de l’article 207, participer à la défense nationale en coopération avec les autres armées. Elle doit surtout assurer la protection de l’espace maritime et particulièrement toutes les installations pétrolières offshore. Les bases de la marine de guerre angolaise se situent du nord au Sud à Cabinda, Soyo, Luanda, Lobito et Namibe. Ses effectifs se montent à 1 000 hommes pour 1 600 km de côtes. Elle dispose pour cette mission de neuf navires patrouilleurs de haute mer et d’un navire amphibie. Longtemps équipée de matériels soviétiques, cette flotte est globalement dans un état opérationnel très incertain. En 1982-83, le pays avait reçu 6 patrouilleurs rapides lance-missiles du type Osa 2 qui semblent hors d’usage. La marine peut néanmoins compter sur quatre patrouilleurs construction espagnole classe Mandume rénovés en 2009.

L’Angola a commandé auprès des Pays-Bas deux bâtiments qui seront mis en œuvre par l’administration de surveillance des pêches. Il s’agit des Ngola Kiluange and Nzinga Mbandi, du type FISV 6210 (Fishery Inspection Surveillance Vessel), livrés en 2012 et 2013. Ces navires ont été acquis dans le cadre d’un programme régional de la SADC au travers duquel l’Angola, la Namibie et l’Afrique du sud collaborent pour la protection des zones de pêche.

A l’instar du Portugal et du Brésil, l’Angola dispose de la Brigada de Fuzileiros Navais d’Angola, capable de mettre sur pied un bataillon amphibie composé de quatre compagnies d’infanterie. La marine dispose aussi d’unités de surveillances côtières équipées de radars et de moyens de télécommunication. Des avions CASA-212 et un Fokker F-27 assurent des patrouilles maritimes. Des missiles côtiers du type SS-C-1 Sepal figureraient encore à l’ordre de bataille bien que ce matériel soit fort ancien et ne présente plus aucun intérêt militaire.

A l’occasion du 37ème anniversaire de la marine, le chef d’état-major déclarait être en mesure de contrôler les côtes angolaise jusqu’à une distance de 100 miles et avoir pour objectif de porter cette capacité à 300 miles En vue d’assurer la surveillance des côtes et de la ZEE, les spécialistes s’accordent à dire qu’il faudrait à la marine angolaise au moins une frégate, trois corvettes, trois patrouilleurs de haute mer, plus des unités de moindre tonnage. Selon le site Infodefensa​.com, une délégation de la Marine angolaise a récemment visité le porte aéronef Prince des Asturies pour une évaluation en vue d’une acquisition possible.

La force aérienne nationale / défense antiaérienne

Fondée en 1975, la force aérienne s’est installée dans les installations laissées vacantes par la force aérienne portugaise. Elle recevra successivement un soutien cubain, soviétique puis sud-africain à compter de 1993. Entre 1975 et 2002, la force aérienne a reçu approximativement 300 chasseurs MiG et Sukhoi[i][8]. Selon le rapport annuel Military Balance 2012, la force aérienne emploie 6 000 personnels et dispose de 88 avions de combat, 69 avions de transport et plus d’une soixante d’hélicoptères.

La défense aérienne du pays repose sur six Su-27 livrés en 1999, par la Biélorussie sur la base aérienne de Benguela-Catumbela[9]. Cinq seraient opérationnels et un second lot d’appareils de ce type ou des Su-30 seraient en cours d’acquisition. Pour les missions d’appui air-sol, l’Angola dispose depuis 1989 de Su-25. Le pays utilise depuis la même période 12 Su-22 acquis auprès de la Slovaquie, suivi d’un second lot de 12 acquis auprès du même pays. La FANA utilise de longue date des petits monomoteurs du type PC-7 et PC-9 pour des missions d’appui-feu rapproché. Elle utilise aussi 13 EMB-312 Tucano, qui datent de la fin des années 1990. En juillet 2013, l’Angola a reçu le premier des 6 Super-Tucano achetés au Brésil.

La force aérienne dispose d’une capacité de transport stratégique importante grâce à quatre IL-76TD. Elle dispose aussi de 21 AN-24/26/32 et huit Antonov An-72 à décollage court. Ces moyens ont été utilisés du 24 au 31 août lors de l’exercice Zambèze Azul. L’école de l’aéronautique militaire a reçu livraison de Six Cessna 172R pour reconstituer les capacités de formation à la suite d’une commande de 2010.

Conclusion

Le rayonnement du pays à l’extérieur reste encore limité. La désignation de l’Angola pour présider, à partir de décembre prochain, la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), reflète une certaine reconnaissance de l’engagement de l’Angola. Ce dernier ne s’est pas engagé au sein de la Brigade d’intervention des Nations unies qui combat dans l’Est de la RDC pour éradiquer les rebelles du M23, Luanda considérant de longue date que la résolution de la crise passe par le renforcement de l’armée de la RDC. De plus, elle n’a pas donné suite à la demande du secrétaire général Ban Ki-moon qui avait sollicité l’Angola pour fournir des hélicoptères aux missions de l’ONU au Congo et au Soudan. Le pays semble hésiter à engager des militaires à l’extérieur du pays pour diverses raisons.

Les forces armées sont encore fortement marquées par des comportements à risque. Les morts sont nombreux au sein des unités en raison des accidents, de la consommation excessive d’alcool ou des maladies. En 2012, la 6éme division, a perdu en service 88 militaires dont 17 officiers. La question de l’a réinsertion des anciens combattants reste par ailleurs pendante. Dix ans après la fin de la guerre, près de 3 000 ex-militaires des FAPLA de la province de Lunda Norte ont été intégrés dans divers projets sociaux dans le cadre de la lutte contre le chômage dans la localité mais ous ces projets semblent modestes au regard du nombre d’anciens combattants déçus par le manque d’attention des autorités à leur égard.

On peut enfin constater de longue date un affairisme militaire qui a été souvent lié à la fourniture de biens et de nourriture aux armées et à la police. Les commandants des unités militaires peuvent aussi louer des locaux appartenant aux armées avec le consentement du chef de l’état-major général pour accroitre les ressources dont ils disposent.

Article publié dans DSI n°97, novembre 2013

[1] UNITA : mouvement crée en 1966 par Jonas Malheiro Savimbi, qui a pris part à la lutte contre les portugais. J.Savimbi a été candidat à la présidentielle de 1992 ; puis a repris le combat en 1999 avant d’être tué en 2002 lors d’un assaut de l’armée angolaise.

[2] Site de défense sud-africain defenceweb​.co​.za

[3] SADC : Southern African Development Community

[4] La CEEAC est constituée par la République démocratique du Congo (RDC), la Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principe, le Congo Brazzaville, la République Centrafricaine, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, l’Angola, le Rwanda et le Burundi.

[5] CPLP : Communauté des Pays de Langue Portugaise, créée en 1996.

[6] Luis Bernardino, « A Posição de Angola na Arquitectura de Paz e Segurança Africana” édition Almedina Coimbra 2013

[7] La Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale.

[8] Tom Cooper and Peter Weinert, African Migs, Vol 1, Harpia publishing 2010.

[9] Site d’information aéronautique scramble​.nl

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